L'ÉPERDU
Éprouver, s'émouvoir, être ébloui, porté d’exaltations, perdre et se perdre, s’abandonner au point d’un sentiment d’égarement : vie subite, passionnée, de l’écriture et de la lecture, loin de la vie subie, et qui conduit sur des déroutes étranges, en un lieu sans lieu. Une maison, peut-être. Une "maison d’édition" ? Là, il ne s’agit pas de se tenir à une table d’écriture codifiée, obéissant à des impératifs de langage entre chaque bouchée coercitive avalée, entourée de convives empaillés, et de se plaindre indéfiniment du mauvais goût des plats servis, de ravaler la peine, mais d’inventer des formes d’existences et des potentialités de luttes selon la grammaire intransigeante de l’art, ainsi faire varier les intonations larges de la voix de la cave, galoper dans l’escalier en trébuchant et en bégayant, le cœur en asystolies, ne jamais rester à la place assignée, au rang, au coin, réinventer l’agencement des mots et des pensées, un style, le sens giratoire de la table, en une bousculade permanente, vertigineuse, éclairée à la flamme d’une expérimentation intérieure incontrôlable. Une 'maison d’édition", vraiment ? Une maison à habiter, avec des écrivains à accueillir et à rencontrer, des livres à ressentir sensiblement-intellectuellement, des Œuvres et des réveils d’artistes. Une architecture des attractions.